Biographie de Sam Loyd

(1841-1911)

 

Inventeur du taquin, il a connu un immense succès pour toutes sortes de puzzles. Il fit preuve d'une imagination sans limite en inventant des prospectus publicitaires en forme de problèmes, des puzzles à découper, des jeux à manipuler.

 

 

Samuel Loyd est né de parents aisés, à Philadelphie, le 30 janvier 1841 et fréquenta l'école jusqu'à l'âge de dix-sept ans, à New-York. Il était féru de toutes les pratiques du baladin : découpage de silhouettes en papier, ventriloque, prestidigitation, mime...

Loyd est sans nul doute un des grands noms qui illustra les récréations mathématiques à la fin du dix-neuvième siècle. Son apport créatif est à l’égal de ceux peut-être plus techniques ou théoriques de Carroll, Dudeney, ou Lucas. Il est le grand inventeur des puzzles contemporains.

Formé aux jeux "sur le tas" par les échecs et ... le journalisme, il avait le goût du spectaculaire et un don de la mise en scène qui lui permettait la transformation d'un problème en une véritable énigme.

Sam Loyd n'hésitait pas à mêler les problèmes les plus théoriques, susceptibles d’analyses raffinées et complexes à des énigmes que seule l’intuition ou la chance permettait de résoudre telle cette étoile à reconnaître dans un rectangle rempli de lignes brisées.

Il était passionné d'échecs et déjà un joueur correct à l'âge de dix ans, son premier problème étant publié dans le New York Saturday Courier le 14 avril 1855. Deux ans plus tard, il fut chargé de la rubrique de problèmes du Chess Monthly, un des nombreux mensuels consacré aux échecs et collectionna les récompenses, grâce à ses idées originales et astucieuses. Loyd dirigea ensuite d'autres rubriques d'échecs dont une dans le Scientific American Supplement. Il était d'ailleurs souvent à lui-même son meilleur collaborateur, se dissimulant parfois sous des pseudonymes se référant à des pièces du jeu d’échecs.

Sa virtuosité était extraordinaire et aucune limite n’entravait son imagination, le conduisant à épuiser toutes les finesses du jeu -prises en passant, mat grâce à un roque, problèmes rétrogrades- et de donner des formes géométriques ou d’animaux à ses problèmes. Il envoyait même à ses amis des cartes de vœux comportant un problème d'échecs formé de leurs propres initiales!

Comme cela est souvent le cas pour les problèmistes, il ne fut pas un très grand joueur d’échecs, ce qui lui permis de s’impliquer dans une multitude d’autres domaines ludiques, pour notre plus grand intérêt ultérieur.

Après 1870, Loyd se désintéressa, en effet, progressivement des échecs pour se tourner vers les récréations mathématiques et les problèmes véhiculés par des prospectus publicitaires, avec une carrière commerciale affirmée.

Son problème du poney se vendit aussi à des millions d'exemplaires de même qu’un puzzle à découper qu'il appela " Le tour des ânes ". Barnum en distribua des millions d'exemplaires et Loyd en retira rapidement plusieurs milliers de dollars.

Une des créations publicitaires dues à Loyd a encore du succès aujourd'hui, il s'agit d'un crayon muni à son extrémité d'une petite boucle en métal qui sert à l'accrocher à la boutonnière de quelqu'un, qui a ensuite toutes les peines du monde de s'en défaire s’il en ignore l’astuce.

Précurseur des créateurs de "Scoubidou" et autres "Jean’s", Loyd adapta également un jeu indou, pour permettre à une firme commerciale d'écouler un stock de petits carrés de carton. Il s'agissait d'un jeu, toujours répandu, basé sur la numérotation binaire, et permettant de "deviner" un nombre choisi par une personne en fonction des cartons sélectionnés.

En 1896, Loyd breveta une remarquable invention mécanique : "Quittez la Terre " : Treize guerriers chinois figurent sur deux cercles de carton concentriques et mobiles l’un par rapport à l’autre. En faisant légèrement tourner le cercle intérieur, on fait disparaître l'un d'entre eux. Lequel et où est-il parti ? Plusieurs millions de ces devinettes furent distribuées à titre de publicité en 1896 puis, la formule étant bonne, en 1897, sous une variante appelée " Le Japonais disparu ".

Loyd collabora régulièrement à diverses revues ou journaux avec des rubriques de devinettes, quotidiennes dans le Brooklyn Daily Eagle , mensuelle dans le Woman's Home Companion.

Il faut noter que de nombreuses énigmes et devinettes de l'œuvre de Loyd apparaissent sous une forme identiques dans les ouvrages de Henry-Ernest DUDENEY(1) (1857-1931), le célèbre "ludographe" anglais. Il est le plus souvent difficile de savoir lequel des deux a emprunté à l'autre. Les sources traditionnelles sont en effet les mêmes et la présentation originale des deux auteurs, concurrents qui ne s’appréciaient guère, rend parfois difficile la corrélation des problèmes.

Quand Loyd mourut le 10 avril 1911, son fils Samuel Loyd Junior continua les rubriques de son père et publia plusieurs collections des devinettes de ce dernier, la plus complète étant une monumentale Cyclopedia of Puzzles publiée en 1914. Malgré de nombreuses erreurs et un manque certain de relecture il s’agit d’une des plus intéressantes compilations de récréations mathématiques, de rébus, de devinettes, voire jeux de mots, blagues et épigrammes, jamais éditées.